Les décorateurs

Des artistes renommés

Pour la décoration de sa maison, Edmond Rostand fait appel à de nombreux artistes. 
Gaston La Touche (1854-1913), coloriste, réalise la frise du Grand Hall ainsi que les quatre médaillons en trompe-l’œil de la salle à manger. Ce peintre, ami d’Edouard Manet et d’Edgar Degas, illustre ici un poème de Victor Hugo, La Fête chez Thérèse, dont Rostand est un fervent admirateur. Les couleurs chatoyantes de la composition plaisent au poète : « Mon mari vient de recevoir votre lettre. Votre combinaison de couleurs lui paraît excellente, et il pense que vous avez bien raison de penser d’abord en couleur, sans vous occuper du sujet. » Rosemonde Gérard.

Georges Delaw

1871-1938

Georges Delaw (1871-1938) réputé pour son univers enchanté et ses caricatures, réalise des scènes évoquant les vieilles chansons françaises. Rostand dira de lui : « la grâce de sa fantaisie est unique. Il est l’illustrateur national du Folklore. » 

Georges Delaw est né à Sedan dans les Ardennes. C'est un peintre-imagier et décorateur. Il se baptisa lui-même « L’Imagier de la Reine ». C’est un maître du dessin et du cadrage, un précurseur de la « ligne claire » qui rivalise avec les plus grands, un coloriste rare que le Japon inspire, un animalier, un paysagiste… Son œuvre, vaste et variée, dégage une fraîcheur et une grande sensibilité.

Inventeur d’histoires imagées dans la tradition des pochades et de la caricature du XIXéme siécle, il collabore à l’illustration du magazine « Le Rire » pendant plus de trente ans. Sur la Butte Montmartre où il habite, Delaw dessine et écrit. Il réalise des décors et costumes de théâtre, des figures de lanternes magiques, des tableaux pour les « Folies Bergères » à Paris, des vitrines de Noël, des panoramiques aux murs de paquebots…tout cela avec intelligence et humour, fantaisie et poésie. Ce que l’on a appelé « L’Univers enchanté de Georges Delaw".

A Arnaga, il conçoit un univers féérique de Delaw illustrant des chansons enfantines : Bon voyage Monsieur Dumollet, Il pleut bergère, Sur le pont d’Avignon.

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Clémentine-Hélène Dufau

1869-1937

Clémentine-Hélène Dufau - L'automne Bibliothèque d'Arnaga

Tombé sous le charme d’une toile de Clémentine-Hélène Dufau (1869-1937), L’Automne, présentée au Salon de 1902,Rostand lui en demande une adaptation pour sa bibliothèque. Ces nus « insinuent en nousune suggestion de saveur de fruit mûr, ferme et rond, comme d’une fleur qui serait déjà presque un fruit. » 

Ses premières oeuvres de Clémentine-Hélène Dufau sont admises au Salon des Artistes Français dès 1889, elle a vingt ans. En 1909, reconnue par ses pairs et célébrée par la critique, sa notoriété lui vaut d’être décorée du titre de chevalier de la Légion d’Honneur. 

Si Edmond Rostand choisit Hélène Dufau pour participer à la création des décors de sa demeure, c’est parce qu’il a vu exposé au Salon des Artistes Français de 1902, L’Automne, achetée par l’Etat. Cette toile, le poète l’admire vraiment ; à tel point qu’il souhaite en posséder l’exacte réplique pour orner sa bibliothèque. Malheureusement pour lui, les règlements concernant les commandes et achats de l’Etat sont très stricts. Il obtient le droit de faire reproduire le motif. En revanche, l’Administration, en charge de délivrer cette autorisation, impose qu’il y ait des modifications notoires afin que l’oeuvre ne puisse pas être confondue avec l’originale. 

Rostand commande également à l’artiste un pendant qui célèbre une nouvelle fois la beauté de la nature pendant la saison automnale et celle du corps humain dans sa plus parfaite nudité. 

En 1906, Mlle Dufau présente au Salon, un Fragment de la décoration pour la maison du poète Edmond Rostand dont le titre définitif sera Les Cygnes noirs. Dans la Gazette des Beaux-Arts de janvier 1906, Paul Jamot donne une description juste du fragment de la décoration pour la maison du poète Rostand : « Je ne vois au Salon cette année que les nus de Melle Dufau qui insinuent en nous, une suggestion de saveur de fruit mûr, ferme et rond, comme d’une fleur qui serait déjà presqu’un fruit.» 

L’œuvre d’Hélène Dufau n’a pas cessé d’évoluer. Alors que ses débuts se placent sous le signe du réalisme (1895-1897), rapidement ses peintures s’éloignent de l’académisme. Et alors qu’elle s’affirme, elle commence à se tourner vers une oeuvre symboliste.

Le symbolisme est une réaction au naturalisme. Les symbolistes ne peignent pas fidèlement l’objet, contrairement aux naturalistes, mais recherchent une impression, une sensation, qui évoquent un monde idéal et ils privilégient l’expression des états d’âmes. Les symboles permettent d’atteindre la réalité supérieure de la sensibilité. Le symbolisme se définit par opposition au formalisme : il renoue avec le sujet et marque un retour à l’introspection, à la religion outrée. C’est une peinture spirituelle. 

Hélène Dufau travaille à Arnaga pendant 6 ans, de 1906 à 1912. Elle est la seule artiste à s’être plusieurs fois déplacée jusqu’à la villa, ceci étant facilité par le fait qu’elle a acheté une villa à Guéthary dans laquelle elle réside plusieurs mois dans l’année.  

Voir toutes œuvres de Clémentine-Hélène Dufau

Jean Veber

1868-1928

Recommandé par l'architecte Tournaire, Jean Veber (1868-1928) conçoit le décor féerique du boudoir de Rosemonde. Les contes de fées demeurent son sujet de prédilection comme l’attestent ses cartons de tapisserie pour la Manufacture des Gobelins qui feront sa notoriété.

Jean Veber, né à Paris en 1864, est dessinateur de presse et peintre. Ses dessins dans les journaux satyriques « Le Rire » ou l’Assiette au Beurre » font scandale. Il n’hésite pas à dénoncer la bêtise, la cupidité, les atrocités. Son tableau représentant Bismarck en boucher devant un étalage de têtes humaines est refusé par les organisateurs du Salon de 1897. Il provoque des incidents diplomatiques avec l’Angleterre en prenant violemment parti pour les Boers contre les Anglais.  Sa dénonciation des « camps de reconcentration » du Transvaal en 1901 ou sa caricature d’Edward VII le visage situé par l'artiste sur les fesses de Britannia suscitent les foudres de la censure. Il s’attaque également aux hommes politiques de son temps comme Jaurès ou Clémenceau. 

 
Mais cette carrière reconnue de satiriste n’est qu’une facette de son talent. Il réalise en parallèle des œuvres tirant vers le fantastique. Il donne aux maisons des traits humains, dessine des fées et des géants au milieu d’ombres inquiétantes.

Cette imagination débridée est remarquée par Rostand qui lui confie la décoration du Boudoir de Rosemonde au premier étage de la Villa. L’auteur de Cyrano est attiré par l’univers fantastique. Il demande à Veber de s’inspirer des Contes de Charles Perrault. Ce décor se présente comme une frise ininterrompue de 20m de long sur un mètre de haut qui se déroule autour de la pièce. Les scènes représentent un moment important du conte, en général proche du dénouement : Cendrillon s’enfuyant du palais, le Prince s’apprêtant à délivrer la Belle aux Bois dormant. 

En savoir plus sur Jean Veber

Jean Veber - Riquet à la houpe

Peinture Riquet à la houpe de Jean Veber

Gaston la Touche

1854-1913

Peintre, décorateur, illustrateur et sculpteur, Gaston Latouche est inclassable. Autodidacte, il a toujours voulu peindre. Il fréquente les peintres impressionnistes Manet et Degas ainsi qu’Emile Zola dont il illustre les ouvrages notamment « l’Assommoir ».

Au début de sa carrière, il adopte le style hollandais du XVIIe siècle. Puis, son travail s’inspire de la palette plus colorée des impressionnistes. Quittant le réalisme, il oriente sa peinture vers un idéalisme très « fin de siècle », notamment sous l’influence de son ami Félix Bracquemond ainsi que Puvis de Chavannes. Il crée un monde harmonieux et lumineux de parcs et jardins, de nymphes et de fontaines. Le succès est au rendez-vous. Sa peinture se vend très bien. Ses « Dimanches » de Saint Cloud deviennent de véritables rendez-vous du Tout Paris.

De 1900 à 1913, il réalise plus de 1000 toiles où sont représentés des scènes galantes de la vie parisienne et des paysages.

 
La grande fresque réalisée pour Arnaga à la demande d’Edmond Rostand en 1905 illustre un poème de Victor Hugo tiré du 1 tome des « Contemplations » : La Fête chez Thérèse.

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