L'architecte Albert Tournaire

Albert Tournaire, architecte reconnu, s'empare des idées du poète, les coordonne, les met en espace, les traduit dans l’art complexe, et les exprime dans une composition magistrale.

L’architecte Henri Godbarge écrivait en 1921 : "L’un a dicté le beau programme du lettré fortuné et prodigue. L’autre se l’est assimilé prodigieusement et l’a traduit avec une virtuosité d’expression rompue à toutes les difficultés qui dénote le don artistique, l’éducation qui le développe et l’épure, l’expérience qui amplifie les moyens, enfin la maîtrise qui appose son sceau suprême à l’œuvre. Arnaga ! Arnaga ! Magnifique rêve réalisé, de Poète, oui, mais œuvre façonnée, ciselée, par deux Maîtres.".

Un tempérament curieux et vraiment artiste

Entré aux Beaux-Arts de Paris en 1879, à l’âge de 17 ans, Albert Tournaire en sort diplômé 4 ans plus tard. En 1888, il obtient le 1er Grand Prix de Rome et entre comme pensionnaire à la Villa Médicis jusqu’en 1892. Il se distingue par son « tempérament curieux et vraiment artiste » pour des reconstitutions graphiques d’édifices antiques. Il est désigné architecte des fouilles de Delphes (1892-1901). Son travail sur l’Etat actuel et restauration des anciens temples de Delphes lui vaut la médaille d’honneur au Salon des Artistes français en 1901. Alors qu’il est à Rome, il remporte le concours de l’Exposition de Bordeaux, inaugurée en 1895. Il fait appel à des entrepreneurs locaux : les bordelais Gustave Carde (pour la fourniture des vitrines) et Bertrand Hauret (qui édifie le Monument aux Girondins).

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Sanctuaire d'Apollon à Delphes, reconstitution Albert Tournaire

Architecte de la Ville de Paris

L’ensemble de son travail est reconnu par l’État : il est fait chevalier de la Légion d’Honneur en 1900. L’année suivante, il est nommé architecte de la Ville de Paris et désigné, en parallèle, pour la construction des nouveaux bâtiments de la Caisse d’Épargne de Marseille, inaugurée en 1904.

Tandis qu’il démarre le chantier d’Arnaga, il est nommé architecte du Palais de Justice de Paris - achevé en 1914 - et « il a fallu, pour tout concilier, engager des pourparlers avec M. Edmond Rostand, qui vient de consentir obligeamment à ce que son architecte abandonnât, pendant un temps, les travaux de Cambo. » (extrait du Figaro).

1911-1913, on lui doit l’annexe du Lycée Fénélon à Paris ; 1914 – 1922, l’Institut médico-légal de Paris ; 1920-1924, il est architecte en chef du département de la Seine.

Façade de la Caisse d’Épargne de Marseille

Exposition Maritime Internationale à Bordeaux

En 1907, il est architecte en chef de la première Exposition Maritime Internationale à Bordeaux, à l’occasion du Centenaire de la navigation à vapeur. Malgré la place relativement exiguë dont il dispose, il édifie une ville entière, luxueuse, variée, d’ensemble fort homogène et artistique.

Villa Ephrussi

Albert Tournaire a la capacité de mener de front plusieurs projets durant toutes ces années : 1905-1912, il est l’architecte de la Villa Ephrussi pour la famille Rothschild.

Exposition coloniale internationale de Paris

En 1927, il est nommé architecte en chef de l’exposition coloniale internationale de Paris qui ouvre en 1931 dans le bois de Vincennes (où il ne fera couper aucun arbre). Le projet est voulu " monumental, afin de transformer l'événement en haut lieu de l'éducation coloniale des Français" : Paul Reynaud, Ministre des Colonies. Le succès populaire est considérable. L'exposition reçoit plus de huit millions de visiteurs.

Les honneurs

En 1932, Albert Tournaire est Président de l’Académie des Beaux-Arts. Il continue d’enseigner aux nouvelles générations d’architectes.

En 1947, il est fait grand officier de la Légion d’honneur. Agé de 95 ans, il décède le 11 janvier 1958. Toute sa vie, sa valeur d’artiste et ses grandes qualités personnelles lui valent sympathies et honneurs.