Table ronde "Les Rostand et la guerre"

Dans le cadre des commémorations du centenaire de la guerre de 1914-1918, la Ville de Cambo-les-Bains a organisé samedi 8 novembre 2014 au Cinéma l’Aiglon une table-ronde.

Edmond, Maurice, Jean, deux générations de Rostand autour du thème de la guerre, du patriotisme et du pacifisme

Les Rostand et la guerre
 
Edmond Rostand et ses fils, Maurice et Jean, ont vécu une partie importante de leur vie à Cambo-les-Bains à la Villa Arnaga. Après la déclaration de guerre en 1914, tous trois sont réformés pour raison de santé. Chacun s’emploiera à participer à sa façon et selon ses convictions pendant ces quatre années. Pour Edmond Rostand, c’est une période d’angoisse, de culpabilité, d’exaltation qui s’achèvera par sa mort en décembre 1918. Maurice est infirmier militaire et  Jean travaille à la création de vaccins au Val de Grâce.
 
Mais au-delà de leurs actions, ces trois hommes frappent par leur engagement littéraire. Edmond Rostand publie dans la presse des poèmes pour les soldats, échange des correspondances. Il galvanise, soutient, adule ces poilus qui, contrairement à lui, donnent leur vie pour leur patrie. Maurice s’affirme dans les années d’après-guerre comme un esprit indépendant, profondément antimilitariste. Jean partage avec son frère un pacifisme, un humanisme qu’il affirmera plus tard dans ses prises de position notamment contre l’arme nucléaire.
 
Ce sont ces trois hommes que nous vous invitons à découvrir. Leurs réponses ont été différentes. Mais tous trois se sont sentis individuellement responsables du sort de l’humanité. Tous trois ont prouvé leur empathie envers leurs contemporains. Leur regard sur la guerre participe encore aujourd’hui  à enrichir notre réflexion.
 
La table-ronde s'est terminée par la visite de l’exposition « Jean Veber dessine la Grande Guerre » qui présentait elle-aussi un regard unique sur la guerre.

Les Rostand de la « Grande guerre » à l’entre deux guerres (1915-1939) par Jean-Louis Fischer, Membre honoraire du Centre Alexandre Koyré (CNRS, EHESS, MNHN)

Les Rostand, Edmond le père, Maurice le fils aîné et Jean le cadet, ont, à leur façon, écrit sur la guerre, dévoilant, dans des styles littéraires différents, leurs engagements idéologiques. Aucun des trois ne sera confronté avec le feu. Aussi, choisissent-ils comme arme de combat la plume, et leur style est celui de l’épistolier, du romancier, du poète, du moraliste ou du dramaturge. A la diversité des styles se rencontre la diversité des engagements ; à la diversité des engagements se découvrent l’histoire de la vie d’une époque dont les Rostand sont les témoins.

A la rencontre des Rostand, de Chantecler aux grenouilles de Ville-d’Avray par François Clarac, Neurobiologiste, directeur de recherche au CNRS

« Mon exposé présentera les relations de mon père lorsqu’il a correspondu pendant  la guerre de  1914-1918 avec Edmond Rostand. Ces lettres montrent un Rostand inquiet et très proche des soldats. Enfant, Jean Rostand (1894-1977) a su éveiller en moi mon goût pour les sciences naturelles. Cet exposé tentera de montrer la particularité et le génie de ce poète et de ce scientifique. »

Lettres d'Anna de Noailles & d'Edmond Rostand durant la Grande Guerre par Michel Forrier, Chroniqueur de la famille Rostand.

Longtemps tenue en réserve, la correspondance qu'Anna de Noailles (1876-1933) et Edmond Rostand (1868-1918) échangèrent durant la Grande Guerre jette une lumière nouvelle sur l'amitié qui régnait entre ces deux poètes. Éloignées de toute recherche, ces lettres terriblement banales, dénuées de tout sens littéraire, montrent leur désarroi face à cette période tourmentée. Tels des enfants, l'un et l'autre ont un incessant besoin de se confier, de se rassurer pour continuer à s'illusionner et croire à leur mission.

Faire l'amour, pas la guerre. Maurice Rostand le pacifiste par Olivier Goetz, Maître de conférences au département "Arts" de l'Université de Lorraine.

La vocation poétique de Maurice Rostand (1891-1968) s'est développée à l'ombre d'une impressionnante figure paternelle. Pas facile de s'imposer dans le monde des lettres et du théâtre lorsque l'on porte le nom de l'auteur de Cyrano de Bergerac ! Pourtant, fort du soutien apporté par sa mère, Rosemonde Gérard, Maurice Rostand persista, coûte que coûte, dans son désir d'écrire. Sa personnalité s'est forgée dans la résistance aux idées reçues, notamment en matière de morale et de patriotisme. L'œuvre de cet écrivain singulier et singulièrement oublié sera évoquée ici sous l'angle d'un antimilitarisme qui s'exprime, en particulier, dans L'homme que j'ai tué (1925).