Eugène & Angèle Rostand

Parents d'Edmond Rostand

Eugène Rostand, père de l'auteur de Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand, naît le 23 juin 1843 à Marseille. Les Rostand y sont installés depuis déjà plusieurs générations et sont des figures importantes de la ville. Son père, Joseph Rostand, est receveur municipal de la ville puis administrateur de la Caisse d'Epargne. Il entretient une liaison avec Françoise de Ferrari (1809-1861), alors mariée à Louis Preyre. C'est de cette liaison que naissent Eugène en 1843 et son frère Alexis en 1844.

Angèle Justine Julie Gayet naît le 10 août 1844 à Marseille. Elle est la fille d'un riche fabricant de produits chimiques et la nièce d'un académicien. En 1866, elle s'unit à Eugène Rostand, avec lequel elle aura trois enfants : Edmond, Juliette et Jeanne. Alors que son époux est attiré par le monde des lettres, Angèle se passionne pour la musique.

Eugène, un père aimant

C'est à Aix qu'Eugène entreprend des études de droit. Il épouse Angèle Gayet avec laquelle il s'installe à Marseille au 14 rue Montaux, là où leurs trois enfants voient le jour : Edmond, Juliette et Jeanne. 

Avocat au barreau de Marseille, administrateur puis président de la Caisse d'Epargne des Bouches-du-Rhône (fondée par son grand-père Alexis Rostand), Eugène Rostand, en humaniste, tente tout au long de sa carrière d'œuvrer pour les populations locales. Il apporte d'importantes innovations à la Caisse d'Epargne (le prêt pour la construction d'habitations à bon marché). Il fonde également plusieurs compagnies, telle que La Société des habitations salubres, et s'occupe de l'Assistance par le travail et des Jardins ouvriers. Ces valeurs, il tente de les inculquer à son fils Edmond au travers de poèmes qu'il lui écrit. 

Eugène est aussi un homme politiquement engagé. Il n'hésite pas à faire part de ses préoccupations politiques lors de réunions publiques. Il critique la République, s'insurge contre le socialisme, défend l'instruction obligatoire. Il s'exprime sur tous les sujets avec passion. 

En parallèle, il cultive son amour des lettres puisqu'il écrit pour le Journal de Marseille ainsi que le Journal des Débats. Il se passionne pour la poésie, qui berce ainsi Edmond dès son plus jeune âge. Il publie quatre volumes de vers : Ebauches (1865), Seconde page (1866), Les sentiers unis (1885) et Poésies simples (1874). Il montre un goût pour une poésie simple, efficace, énergique, à la recherche de la beauté. 

Accueilli à l'Académie des sciences, lettres et arts de Marseille le 29 juillet 1875, dont il devient le directeur 10 ans plus tard, il consacre son discours de réception à la comparaison des poètes Catulle et Alfred de Musset. Eugène Rostand délaisse la poésie vers l'âge de quarante ans, et ne continue d'écrire qu'en tant que journaliste. Directeur politique du Journal de Marseille et collaborateur de journaux et périodiques (comme Le Figaro), il se tourne désormais vers la sociologie et les œuvres humanitaires. Il publie également des essais à partir de 1889. 

Il intègre en 1898 l'Académie des sciences morales et politiques, devient officier de la Légion d'honneur le 9 octobre 1900. Il s'éteint en 1915 à Arnaga, demeure de son fils Edmond Rostand, où il avait décidé de s'établir en raison de la fragilité de sa santé. 

Humaniste, engagé, poète, journaliste, Eugène Rostand eut sans aucun doute un impact considérable sur la vie de son fils Edmond Rostand. D'une personnalité peut-être un peu forte par rapport à son fils, sensible, il incarna tout de même un père aimant, qui transmit son amour des lettres à l'homme qui allait devenir l'un des plus grands dramaturges du XXème siècle. 

Angèle, musicienne de talent

Pianiste de talent, elle organise des concerts dans leur demeure, et transmet cet amour de la musique à ses deux filles. Entre un père poète et une mère musicienne, l'atmosphère du foyer des Rostand influença sans aucun doute leur fils Edmond, faisant de lui un être sensible, un rêveur, et plus tard un auteur à succès. 

Angèle était perçue comme une figure plus autoritaire que son époux. Son petit-fils Maurice, dans Confession d'un demi-siècle, la décrit : « Ma grand mère était différente : il y avait en elle plus d'autorité, quelque chose de plus nettement matériel, bien qu'elle fut magnifiquement croyante. Elle n'avait pas la même indulgence que mon grand-père. Elle n'avait pas, elle, traduit Catulle... Quelque chose de plus sévère émanait d'elle : elle détestait le divorce, appréciait les beaux mariages, croyait en ces honneurs avec lesquels mon grand-père s'amusait ou se consolait ! Peut-être était-elle plus catholique que chrétienne ? Elle avait d'ailleurs de l'esprit, une manière impertinente de dire les choses et beaucoup d'allure dans beaucoup de circonstances ». 

Elle s'éteindra le 12 septembre 1916 à Paris et aura ainsi pu assister à l'ascension de son fils qu'elle surnommait Eddy.